Maroc

Plans régionaux de l’habitat : un virage territorial amorcé dans quatre régions

Face aux défis croissants liés à l’habitat et à l’aménagement du territoire, une nouvelle dynamique sera amorcée avec l’élaboration des Plans régionaux de l’habitat. La tutelle s’attelle actuellement sur le cas de quatre régions aux profils contrastés. Objectif : adapter la politique du logement aux réalités locales et doter les territoires d’outils de planification concrets, concertés et opérationnels.

Notre pays connait une urbanisation accélérée qui est passée de 55% en 2004 à 60,4% en 2014 pour atteindre 62,8% en 2024. Dans ce contexte de tensions croissantes sur le logement et d’inégalités territoriales persistantes, et suite aux recommandations de la feuille de route issue des travaux du Conseil national de l’habitat, approuvés lors de la tenue de sa deuxième session en 2018, le Maroc passe à l’acte avec l’élaboration des Plans régionaux de l’habitat (PRH).

Ces plans doivent permettre de territorialiser la politique nationale de l’habitat en l’ancrant dans les réalités sociales, économiques et environnementales des régions.

Pour cette première phase de mise en œuvre, quatre territoires aux profils contrastés ont été retenus. Il s’agit de Casablanca-Settat, Béni Mellal-Khénifra, Guelmim-Oued Noun et Dakhla-Oued Eddahab. Ces PRH sont encadrés par le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, et leur rédaction sera confiée à des prestataires spécialisés via un appel d’offres.

Un PRH pour quoi faire ?
Le PRH est conçu comme un document de référence opérationnel et stratégique. Il vise à décliner les objectifs nationaux en matière d’habitat à l’échelle régionale tout en assurant l’articulation avec les politiques locales. Il doit identifier les enjeux prioritaires de chaque territoire, proposer une programmation d’actions à court, moyen et long terme, et préciser les dispositifs de pilotage, de financement et de suivi.

C’est ainsi que chaque PRH devra être aligné avec les Plans régionaux de développement (PRD), les documents d’urbanisme et les plans sectoriels. Il reposera sur un diagnostic territorial précis, fondé sur des données quantitatives et qualitatives.

Multidimensionnel, ce plan intégrera le logement, le foncier, l’habitat insalubre, le développement durable, la résilience climatique et la mobilisation du foncier public. Sa gouvernance devra être territorialisée et concertée, incluant les rôles de l’État, des collectivités territoriales, des agences, et des opérateurs privés.

Quatre territoires, une multitude de défis
S’agissant des quatre régions concernées par les études prévues par la tutelle, il est à souligner que les enjeux diffèrent nettement d’un territoire à l’autre. Casablanca-Settat est confrontée à une urbanisation rapide, une pression foncière forte et un parc immobilier vieillissant. Le PRH devra ainsi y traiter en priorité les problématiques de logement social, de requalification urbaine, d’accessibilité à la propriété et de densification.

Béni Mellal-Khénifra, plus rurale et marquée par une pauvreté structurelle, souffre pour sa part d’un habitat dégradé et d’un faible accès aux services de base. Le PRH devra répondre à l’insalubrité, la fragmentation urbaine, et l’absence de schémas directeurs actualisés. Guelmim-Oued Noun, caractérisée par sa position saharienne et sa faible densité, verra quant à elle son PRH se concentrer sur l’aménagement des centres secondaires, la lutte contre la vacance bâtie et l’amélioration des logements traditionnels.

Enfin, Dakhla-Oued Eddahab, région à fort potentiel économique mais à urbanisation déséquilibrée, devra traiter les questions de régulation du marché immobilier, de prévention des bidonvilles et d’intégration des normes environnementales.

Chaque plan comportera un diagnostic territorial de l’habitat prenant en compte le logement, le foncier, l’infrastructure et le cadre bâti. Il inclura aussi une lecture socio-économique fine, intégrant les niveaux de revenu, la typologie des ménages, ainsi que l’offre et la demande en logements. Une analyse institutionnelle et réglementaire des outils de planification existants est prévue, en plus d’un axe stratégique clair, avec des objectifs déclinés dans le temps. Des projets prioritaires, réalistes et chiffrés, seront définis selon des horizons temporels cohérents. Un plan de gouvernance devra détailler les rôles, les responsabilités, les indicateurs de suivi et les outils d’évaluation.

Quatre phases clés
La réalisation d’un PRH est structurée en quatre phases. La première porte sur le lancement et la collecte des données avec la mobilisation des acteurs, les inventaires, et les réunions techniques. Vient ensuite le diagnostic territorial approfondi, incluant une cartographie des besoins et des ressources. Une troisième phase vise à définir la vision et les orientations stratégiques.

Enfin, le plan est mis en forme, validé, puis restitué au niveau régional. En tout, la durée totale de la mission est de six mois par région, pour un budget moyen d’étude d’environ 1,8 million de dirhams par plan. Notons par ailleurs qu’au-delà du travail technique, le PRH constitue une réforme sur le plan de la méthode.

Il vise à recentrer la politique du logement sur les réalités de terrain. Sa généralisation à terme dans toutes les régions du Royaume pourrait bâtir un cadre harmonisé mais adapté, capable de gérer l’urbanisation, réduire les inégalités et répondre aux besoins des populations.

H.K. / Les Inspirations ÉCO



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