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Botola Pro : les marques locales règnent en maitres

Alors que les projecteurs se braquent ce vendredi sur les pelouses de la Botola Pro, une bataille stratégique se joue en coulisses : celle des équipementiers. Sur ce terrain, la saison 2025-2026, se caractérise par un marché très concurrentiel où des acteurs locaux audacieux jouent des coudes avec des mastodontes internationaux.

La fin de la trêve internationale de septembre coïncide avec le retour du championnat national d’élite, qui reprend ses droits à partir de ce vendredi. Sur le terrain, les 16 équipes engagées vont se livrer une rude bataille durant 30 journées pour tenter de succéder à la Renaissance de Berkane, sacrée pour la première fois de son histoire dans l’élite la saison passée. Mais nous nous intéressons aujourd’hui à la joute qui se joue sur le terrain de l’économie, particulièrement celle qui oppose les équipementiers sportifs. Si les grandes marques internationales ont longtemps dominé le marché, force est de constater que ces dernières années ont vu l’émergence d’acteurs locaux ambitieux.

Désormais, le rapport de force s’est inversé, et c’est bien le Made in Morocco qui tient le haut du pavé. Ainsi, la Renaissance de Berkane, championne du Maroc en titre, et récente lauréate de la Coupe de la CAF, étrennera cette saison encore les tuniques conçues par l’équipementier local Bang Sports qui habille les Orange depuis la saison 2019-2020. Le succès rencontré par ce partenariat a inspiré et convaincu d’autres clubs de l’élite.

L’Olympique de Safi, la Renaissance Zemamra et l’Olympique Dcheira arboreront eux aussi le logo de Bang Sports cette saison, ce qui fait de la marque marocaine le leader incontesté du championnat des équipementiers de Botola Pro, avec quatre représentants, soit une part de marché de 25%.

La marque a considérablement gagné en notoriété ces dernières années, au point de voir deux de ses ambassadeurs (Berkane et Safi) s’affronter en finale de la Coupe du Trône la saison passée (victoire de Safi aux tirs au but). Des ambassadeurs qui porteront l’image de la marque lors des joutes continentales (Ligue des champions et Coupe de la CAF), lui permettant ainsi de gagner en exposition sur la scène internationale.

Les cadors internationaux dans le rang
Au classement des équipementiers du championnat d’élite, Bang Sports dame le pion à quelques cadors internationaux à la notoriété bien établie. L’Allemand Uhlsport arrive ainsi en deuxième position, avec trois clubs et non des moindres. Il s’agit notamment des clubs historique de Rabat (l’AS FAR, et le FUS) et du Maghreb de Fès.

De véritables monuments du football national. À eux trois, ces clubs totalisent 18 titres de champion du Maroc. Derrière le géant allemand qui sponsorise notamment Yassine Bounou, le portier des Lions de l’Atlas, deux marques arrivent ex æquo pour compléter le podium. Et sans surprise, un acteur local se mêle à la lutte. Il s’agit d’AB Sport qui apposera sa griffe sur les maillots du COD Meknès et du Kawkab de Marrakech, club promu.

Fondée en 2016, la marque n’a pas perdu de temps pour s’exporter. Dès 2019, elle fournit ainsi les tuniques de la sélection mauritanienne de football, avant de ramener le Soudan et la Centrafrique dans son giron, en plus de certains clubs dans les championnats de Mauritanie et de Côte d’Ivoire. En Botola, la marque s’adjuge 13% de parts de marché, à égalité avec l’équipementier italien Macron, qui habille l’Union de Touarga et le Hassania d’Agadir.

Casablanca, vitrine des grandes marques
Si les acteurs locaux s’imposent désormais en nombre, certaines locomotives du championnat continuent de miser sur des marques internationales pour renforcer leur aura. Le Raja de Casablanca reste ainsi fidèle à l’anglais Umbro, tandis que le Wydad, son éternel rival, a renouvelé sa confiance à l’italien Kappa qui l’a équipé durant la dernière Coupe du monde des Clubs aux États-Unis.

Ces partenariats s’expliquent autant par la visibilité offerte sur la scène africaine – où les deux clubs casablancais sont régulièrement engagés en Ligue des champions – que par la force de frappe commerciale de leurs supporters, considérés parmi les plus fidèles et nombreux du continent.

Pour ces équipementiers étrangers, Casablanca demeure une vitrine incontournable, un ancrage qui leur permet de maintenir leur présence sur un marché de plus en plus disputé.

Un marché en recomposition
Avec la présence de Jako (Difaâ El Jadida) et Joma (Ittihad Tanger), l’éventail des équipementiers de la Botola témoigne d’une diversité rarement observée auparavant. Mais c’est surtout l’émergence des marques marocaines – Bang Sports, AB Sport et Avanchi (Union Yacoub El-Mansour) – qui redessine les contours du marché. En totalisant plus de 40% des parts de marché, elles confirment une tendance lourde : la Botola devient un terrain d’expérimentation et de conquête pour des acteurs locaux capables d’allier réactivité, proximité et coûts maîtrisés.

Cette recomposition s’inscrit dans un contexte plus large où le sport marocain attire de nouveaux sponsors et où l’industrie textile nationale cherche à s’affirmer sur le créneau des équipements sportifs. Les prochaines saisons diront si ces marques locales parviennent à convertir leurs succès domestiques en expansion internationale durable, ou si la concurrence des géants européens reprendra le dessus. Une chose est sûre : au-delà des pelouses, la Botola est désormais aussi le théâtre d’une bataille économique qui reflète les ambitions grandissantes du Made in Morocco.

D.N. / Les Inspirations ÉCO



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