Éco-Business

Conjoncture : reprise en vue pour l’investissement industriel

L’enquête de Bank Al-Maghrib, pour le T2 – 2025, révèle un climat industriel globalement «normal», mais «défavorable» dans l’«agroalimentaire» et dans le «textile et cuir». En dépit d’une stagnation des investissements financés par fonds propres, les perspectives pour le prochain trimestre sont relativement optimistes, en dehors de la «chimie et parachimie» qui devrait stagner.

Bank Al-Maghrib (BAM) vient de dévoiler les résultats de son enquête trimestrielle de conjoncture pour le deuxième trimestre de l’année 2025. Offrant un diagnostic de l’état du secteur industriel à travers un sondage d’opinion mené auprès d’un échantillon représentatif comprenant près de 400 entreprises industrielles, cette enquête recueille les appréciations des chefs d’entreprise concernant l’évolution de leur activité, les conditions de production, la trésorerie et les dépenses d’investissement engagées.

Dans le détail, si le climat général des affaires est majoritairement perçu comme «normal» par les entreprises, une analyse plus fine révèle des dynamiques sectorielles contrastées et des défis structurels persistants qui freinent le plein potentiel du secteur. En se référant aux appréciations, 71% des industriels qualifient le climat général des affaires de «normal».

Cependant, cette moyenne masque des réalités divergentes selon les branches. Le secteur de la Mécanique et Métallurgie (MM) se distingue par un optimisme notable, avec un solde d’opinion favorable de 29%, reflétant une perception positive pour une large majorité d’entreprises. La Chimie et Parachimie (CPC) maintient également un équilibre jugé «normal» par la plupart des sondés.

À l’opposé, les secteurs de l’Agroalimentaire (AA) et du Textile et Cuir (TC) affichent un solde d’opinion «défavorable» avec moins de 11% pour les deux branches, indiquant que les défis sont plus prononcés et que la reprise n’est pas uniforme à travers l’ensemble du tissu industriel.

Les dépenses d’investissement en stagnation
De surcroît, les dépenses d’investissement sont en stagnation, selon les industriels. C’est le cas au T2 – 2025 avec 62% des industriels n’ayant pas modifié leurs dépenses. L’enquête révèle que ces investissements sont financés majoritairement par les fonds propres (78%), le crédit ne représentant que 22% du financement.

Cette prédominance de l’autofinancement pourrait s’expliquer par le souci d’éviter l’endettement ou encore par l’insuffisance de projets nécessitant un recours massif aux crédits. Pour les trois prochains mois (T3 – 2025), les perspectives d’investissement sont plus optimistes : 36% des industriels anticipent une hausse de leurs dépenses d’investissement, et 57% une stagnation.

Cette anticipation de hausse est générale dans toutes les branches, à l’exception de la Chimie et Parachimie où la stagnation est majoritairement prévue. Un signal encourageant pour la modernisation et l’expansion de l’appareil productif national.

Matières premières : les conditions d’approvisionnement jugées normales
S’agissant des conditions d’approvisionnement en matières premières, elles sont aussi jugées «normales» par la majorité des chefs d’entreprise (87%), ne posant des difficultés que pour 13% d’entre eux. Cette proportion grimpe à 20% pour la Chimie et Parachimie, suggérant une plus grande sensibilité de cette branche aux aléas des chaînes d’approvisionnement.

Le secteur Textile et Cuir, quant à lui, rapporte un approvisionnement jugé «normal», ce qui constitue un point positif pour sa stabilité opérationnelle. Cependant, au-delà de l’approvisionnement, les entreprises sont confrontées à des freins structurels bien identifiés.

L’enquête met en lumière cinq principaux obstacles au développement de la production. Il s’agit en premier lieu de l’insuffisance de la demande ; de l’accentuation de la concurrence ; des coûts élevés des intrants malgré un approvisionnement jugé normal ; du poids du secteur informel qui exerce une concurrence déloyale sapant les efforts des entreprises formelles ; du manque de main-d’œuvre qualifiée qui représente un défi persistant, soulignant l’inadéquation entre l’offre et la demande de compétences sur le marché du travail.

Ces facteurs, loin d’être conjoncturels, nécessitent des réponses politiques et économiques de fond pour soutenir la croissance industrielle.

Légère hausse des effectifs
Sur le front de l’emploi, les effectifs ont connu une légère hausse d’un trimestre à l’autre, selon une minorité d’industriels (18%), tandis que la grande majorité (78%) a opté pour la stagnation. Cette tendance à la stabilité est projetée pour le T3 – 2025, avec 83% des entreprises anticipant une stagnation des effectifs et 16% une hausse. Cela reflète la prudence des entreprises face aux perspectives de croissance.

Concernant les coûts unitaires de production, 57% des industriels rapportent une stagnation et 28% une hausse. Le solde d’opinion est négatif à hauteur de 15%, indiquant que plus d’entreprises ont vu leurs coûts plutôt augmenter. La Chimie et Parachimie (35% de hausse) et l’Agroalimentaire (21%) sont les plus concernés par cette évolution.

Pour la situation de trésorerie, elle est majoritairement jugée «normale» (77%), mais près de 19% des entreprises la considèrent «difficile». Les secteur de la Chimie et Parachimie (25%) et de la Mécanique et Métallurgie (21%) l’estiment difficile, étant plus enclins à relever des tensions de trésorerie, malgré une activité jugée souvent favorable.

L’accès au financement bancaire est, quant à lui, perçu comme «normal» par 80% des industriels. Quant au secteur du Textile et Cuir, il fait face à des difficultés d’accès particulièrement aiguës, 42% des entreprises le jugeant «difficile» avec un solde d’opinion fortement négatif (42%), ce qui en fait la branche la plus impactée. Le coût du crédit est majoritairement en stagnation (74%), mais 19% des patrons signalent une hausse. La Mécanique et Métallurgie, bien que globalement positive, est la branche où la hausse du coût du crédit est la plus ressentie (50%).

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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