Monde

COP 26 : l’offensive des pays en développement contre les pays riches

Les pays en développement sont montés au créneau pour afficher leur mécontentement contre les pays développés qui, faute de respecter leur engagement de mobiliser 100 milliards de dollars par an, vont condamner des milliards de personnes. 

Lundi, alors que la COP26 entamait sa seconde semaine, les pays en développement ont fustigé les engagements insuffisants des pays les plus riches, accusés de sacrifier les vies de milliards d’habitants de la planète en première ligne du réchauffement climatique. «Le groupe des “pays les moins avancés” est préoccupé par le fait que les actions de certains pays ne sont pas en accord avec les déclarations, il y a une déconnexion entre les déclarations publiques et ce qui se passe dans les négociations», a dénoncé le président de ce groupe de pays, Sonam Phuntsho Wangdi, lors de la session plénière, en faisant le bilan de la première semaine de négociations. Autre dossier explosif : celui des «pertes et dommages» subis par les pays pauvres en raison du réchauffement climatique. Lundi, une étude publiée par l’ONG Christian Aid a estimé que les pays les plus affectés par le réchauffement pourraient voir leur PIB par habitant s’effondrer dans les années à venir. Sur les 65 pays étudiés, la chute médiane serait de 19,6% en 2050, si l’on suit la trajectoire actuelle du réchauffement climatique, et de 63,9% à la fin du siècle. Si l’objectif de l’accord de Paris de maintenir le réchauffement à + 1,5 °C était atteint, la chute serait respectivement limitée à 13,1% et 33,1%. Sans cela, pour six des dix pays les plus affectés, situés en Afrique, cette baisse dépasserait 80% à la fin du siècle. En 2009, les pays riches avaient promis aux plus pauvres de porter leur aide pour la lutte contre le changement climatique à 100 milliards de dollars par an à partir de 2020.

Un engagement repoussé à 2023
Constatant leur échec, ils ont présenté juste avant la COP26 un «plan de livraison» prévoyant de remplir cet engagement en 2023. La pilule passe mal chez les plus menacés, d’autant plus qu’ils sont pour la plupart des contributeurs insignifiants au réchauffement, et que la majeure partie des fonds qui leur sont alloués va à des mesures de réduction des émissions. En effet, les pays en développement ne sont pas tous dans la même situation face au changement climatique.

S’agissant de l’atténuation (la réduction des émissions), les grands pays émergents représentent aujourd’hui une part significative dans le «budget global des émissions», tandis que le volume d’émissions reste marginal pour un nombre important d’autres pays en développement.

Cette différenciation apparaît également s’agissant de l’adaptation aux effets du changement climatique, face auquel tous les pays en développement ne sont pas égaux. Il suffit de penser à la situation de certains pays dans la catégorie des Pays moins avancés (PMA) qui, sans même avoir atteint un niveau d’accès aux ressources énergétiques modernes permettant d’accélérer le développement, ont à faire face à la désertification et à la raréfaction des ressources en eau, avec tout ce qui en résulte. Ou encore au groupe des petits États insulaires, pour qui un réchauffement global de 1 °C seulement menace la survie même, et non seulement le processus de développement. Ainsi, certains pays en développement, dont les émissions sont marginales dans l’effet de serre, sont plus vulnérables aux effets du changement climatique que d’autres pays – en développement ou développés : le futur régime international sur le climat devra en tenir compte.

Face à cette situation, le principal enjeu reste donc de «décarboner» davantage les économies des pays développés et d’aider les pays en développement à adopter des chemins de croissance moins intensifs en carbone tout en aidant les PMA à s’adapter au changement climatique. Cela suppose d’obtenir une vision partagée par tous de la nécessité de limiter le réchauffement à moins de 2 °C par rapport à l’époque préindustrielle, ce qui signifie atteindre le plus tôt possible un «pic mondial des émissions» et réduire celles-ci d’ici 2050 d’au moins 50 %. Autre prérequis : un engagement de tous les pays à s’engager résolument sur des plans de développement moins intensifs en carbone, avec des mesures qui puissent faire l’objet de processus de reporting et de vérification.

Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO


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