Éco-Business

Bourse : les investisseurs dans la confusion

Résultats semestriels en berne et mesures de dernière minute ont sensiblement perturbé les projections des investisseurs, altérant ainsi la performance des principaux indices de la place.

«Difficile de dégager une tendance depuis plusieurs semaines», nous déclare d’emblée cet analyste de la place. L’effet yo-yo des indices phares de la place casablancaise témoigne des hésitations des investisseurs. D’une séance à l’autre, le Masi change de cap. «Un comportement indécis qui n’est autre que le reflet de ce qui se passe actuellement dans le pays», explique l’analyste.

La crise sanitaire et sa gestion par les autorités ont bouleversé tous les pans de l’économie nationale. L’état d’urgence, décrété au mois de mars dernier, a été préjudiciable pour un grand nombre d’entreprises, contraintes de suspendre ou de réduire leurs activités. La Bourse qui, habituellement, est déconnectée de la réalité économique a instantanément plongé. Plus de 100 MMDH de capitalisation sont partis en fumée en quelques séances seulement. Dès les premières semaines du confinement, les valeurs liées au secteur portuaire, au BTP, à l’immobilier et au tourisme ont plongé. Aujourd’hui encore, les investisseurs continuent à se désengager de ces valeurs. Le secteur des loisirs et hôtels, porté par Risma, affiche la plus forte contre-performance annuelle (-47,65%), suivi de l’immobilier (-47,09%). L’arrêt de production de la presse papier durant la période de confinement a également entraîné une chute de 38,21% de Med Paper. Presque toutes les industries ont connu une dépréciation à deux chiffres de leur valeur en Bourse. Les grandes capitalisations (les bancaires et les cimentières notamment) ont également été malmenées par les effets de la crise. Seuls les secteurs informatique (+17,21%), de la grande distribution (+3,29%) et des mines (+1,07%) continuent à susciter l’intérêt des investisseurs.

Les OPCVM, placements refuge
Entre-temps, les placements sont naturellement redirigés vers les organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM), jugés plus sûrs. L’actif net sous gestion des OPCVM est passé de 470,57 MMDH, à fin décembre 2019, à 499,88 MMDH à fin juin 2020, enregistrant ainsi une hausse de 6,23%. Les OPCVM OMLT et OCT ont été les plus recherchés durant ce premier semestre. Ils enregistrent des progressions respectives de 9,89% et 5,54% sur cette période. La publication des résultats semestriels n’a pas arrangé la situation du marché actions où pratiquement tous les pensionnaires de la Bourse ont enregistré des performances commerciales et opérationnelles en berne. Les mesures mises en place par le gouvernement pour endiguer les effets de la crise sanitaire semblent avoir un effet limité sur la viabilité des entreprises. «Les investisseurs trouvent que ces mesures restent insuffisantes et attendent une nouvelle salve de mesures pour sauver le tissu entrepreneurial», affirme un professionnel de la place. Il salue tout de même les efforts consentis par les autorités pour soutenir les entreprises marocaines. Entre les produits Damane Oxygène et Damane Relance, pour redresser l’économie, et les décisions de la Banque centrale pour consolider l’assise financière des banques et rediriger l’épargne nationale vers l’investissement, les idées ne manquent pas. «L’Exécutif a été très courageux de mettre en place toutes ces batteries de mesures malgré le peu de moyen dont il dispose. Il ne faut donc pas s’attendre à ce qu’il injecte davantage d’argent dans notre économie», indique un analyste qui annonce une reprise très timide à partir de 2021. Pour un autre professionnel, la reprise est envisageable dès l’année prochaine à condition que la situation se stabilise dès à présent.

Dans la crainte d’un reconfinement
Les rumeurs d’un reconfinement vont bon train et perturbent les hypothèses des analystes ainsi que les attentes des investisseurs. «Le Maroc ne peut pas aller vers un reconfinement total, ce serait catastrophique pour l’économie nationale», rétorque un analyste, prétendant que «la meilleure solution reste le confinement partiel tel qu’appliqué par l’État durant ces dernières semaines». Si cette idée est partagée par un grand nombre de professionnels de la place, son application reste toutefois problématique. Les fermetures de certains quartiers et villes du royaume sont annoncées quelques heures avant leur mise en œuvre. Des mesures de «dernière minute», dont l’impact se fait ressentir jusqu’en Bourse, ce qui participe fortement à la confusion sur le marché. Les investisseurs attendent de voir l’évolution des évènements avant de se positionner sur une quelconque valeur. «Une attitude qui peut être fatale au marché, sachant qu’il manque déjà cruellement de liquidité», conclut cet analyste. 

Aida Lo / Les Inspirations Éco


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