Éco-Business

Les producteurs espagnols s’attaquent (encore) à la tomate marocaine

Lors de la réunion du Groupe de la tomate de l’Observatoire des marchés de la Commission européenne, la FEPEX a une nouvelle fois demandé la modification du mode de calcul de la Valeur forfaitaire d’importation (VFI) des tomates marocaines vers le marché communautaire européen.

Pour la deuxième fois en l’espace de quatre mois, la Fédération espagnole des associations de producteurs exportateurs de fruits, légumes, fleurs et plantes vivantes (FEPEX) s’attaque à la tomate marocaine. Celle-ci a une nouvelle fois demandé le changement des conditions d’accès de la tomate marocaine au marché européen, en particulier pour ce qui est du mode de calcul de leur Valeur forfaitaire d’importation (VFI) vers le marché communautaire européen. C’est du moins ce qui ressort de la réunion tenue jeudi dernier via vidéoconférence par le Groupe de la tomate de l’Observatoire des marchés de la Commission européenne. La FEPEX a saisi cette occasion pour demander à la Commission européenne (CE) de modifier la VFI instaurée en octobre 2014 dans le cadre de la réforme de la Politique agricole commune (PAC). Selon un communiqué relayé par la FEPEX, les exportations espagnoles ont connu une baisse de 12% vers l’UE, entre octobre 2019 et avril 2020, par rapport à la campagne précédente, avec 518.520 tonnes, essentiellement du fait de la forte concurrence de la tomate du Maroc, qui a exporté, selon la FEPEX, 432.274 tonnes durant cette même période.

L’enjeu est économique…
L’enjeu pour la fédération espagnole est avant tout d’ordre économique et concurrentiel. D’après la FEPEX, trois grands exportateurs dominent le marché européen, notamment les Pays-Bas, avec une tendance stable, le Maroc avec une tendance fortement à la hausse, et l’Espagne avec une tendance baissière. Dans ce sens, lors de la campagne 2019/2020, malgré la baisse du volume expédié, les prix ont, selon la FEPEX, été inférieurs à la saison dernière, malgré l’augmentation des coûts imputable principalement à la main-d’œuvre et aux dépenses exceptionnelles générées par la propagation du nouveau coronavirus (Covid-19). Pour la FEPEX, le fait de retrouver l’»efficacité» des prix d’entrée passe nécessairement par la modification du mode de calcul de la VFI qui détermine si les importations en provenance du Maroc respectent un prix minimum et, par conséquent, si les droits de douane sont réglés ou non. Toujours selon la fédération, la valeur forfaitaire à l’importation comprend les prix de la tomate ronde et de la tomate cerise. Elle propose ainsi de ne prendre en compte que les prix des tomates rondes, les seuls à avoir été pris en considération pour la fixation du prix d’entrée conventionnel de l’Accord d’association entre l’Union européenne (UE) et le Maroc.

Des infos fiables sur la tomate marocaine ?
La FEPEX prétend également que les dispositions de l’article 4 de l’accord entre l’UE et le Maroc, entré en vigueur lors de la campagne 2011/2012, établissent que les concessions du prix d’entrée et des droits ad valorem sont destinées à maintenir le niveau des exportations marocaines traditionnelles vers l’UE et à éviter des perturbations sur le marché d’importation communautaire. Les hostilités à l’égard de la tomate marocaine ne s’arrêtent pas là. La fédération a également évoqué, lors de cette réunion, la nécessité de disposer d’informations fiables sur les prix des tomates en provenance du Maroc. Alors que la commission publie des informations détaillées sur les prix des tomates ventilés, les informations collectées sur le Maroc ne permettent pas, selon la FEPEX, de connaître la réalité du marché. Elle ajoute que les exportations marocaines vers l’UE ont augmenté de 44% entre 2011, date d’entrée en vigueur de l’accord, et 2019. Les importations directes d’Espagne ont également fortement augmenté (+29%) au cours de la même période. Par ailleurs, trois entités, à savoir la FEPEX, l’association d’organisations de producteurs «Tomates et concombres de France» (AOPn) et la Confédération italienne de l’agriculture (CIA), ont déjà adressé une requête au commissaire européen à l’Agriculture pour le changement des conditions d’accès de la tomate marocaine à l’UE lors d’une réunion tenue en mars dernier par vidéoconférence. 


UE: une seule VFI pour tous les catégories de tomates

Pour rappel, ce nouveau dispositif, qui a induit un changement de conditions d’accès des fruits et légumes marocains au marché européen -à travers l’instauration de nouvelles règles de dédouanement sur la base de la valeur forfaitaire à l’importation (VFI)- a été accepté et validé par la partie européenne. Il s’agit d’instaurer une seule VFI pour tous les catégories de produits, notamment la tomate cerise et celle ronde. Mais aujourd’hui, la FEPEX, avec d’autres entités, appelle à la révision de cette méthode de calcul en distinguant la tomate ronde de la tomate cerise. Par conséquent, le fait de raviver ce débat au sujet de la VFI cible essentiellement la tomate cerise, mais aussi les autres tomates de segmentation telles que les tomates olivette, grappe et cocktail. Objectif: limiter la concurrence de la tomate marocaine sur le sol européen. Faut-il également le rappeler, lors de la réunion du Groupe de la tomates tenue en janvier 2016 à la Direction générale de l’Agriculture à Bruxelles, les représentants des organisations espagnoles ont interpellé la Commission européenne sur le dédouanement des tomates rondes marocaines, vendues à bas prix, sur la base d’une VFI englobant l’ensemble de variétés de tomates. Deux ans après l’adoption de la VFI, ils ont demandé à revenir à une VFI n’incluant que la tomate ronde, et appelé la CE à diligenter une étude d’impact afin d’évaluer les cotations et le prix d’entrée. Pour sa part, le Maroc a fait remarquer que ses producteurs ont toujours été pour le dédouanement individualisé de chaque lot sur la base de sa valeur réelle et non d’une hypothétique VFI.

Yassine Saber
Les Inspirations ÉCO


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