Maroc

Maroc-Espagne: un été très spécial pour les MRE

L’opération Marhaba dans sa version traditionnelle n’aura pas lieu cette année. Le dispositif concerne plus de 3 millions de voyageurs marocains qui rentrent au pays durant la période estivale via les ports espagnols et marocains.

Comme nous l’avions annoncé, l’opération Marhaba n’aura pas lieu cette année, pas dans sa version traditionnelle du moins, à savoir cette gigantesque opération de déplacement des vacanciers marocains vers leur pays d’origine via les ports nationaux. C’est ce qu’a annoncé le ministre des Affaires étrangères et de la coopération africaine et des Marocains résidents à l’étranger, Nasser Bourita, devant les parlementaires. Bourita a estimé que cette grande opération nécessite une préparation rendue impossible du fait de la pandémie et des contraintes de la crise sanitaire.

En effet, l’opération Marhaba est un vaste chantier qui démarre plusieurs mois avant son lancement et nécessite une étroite collaboration entre les deux pays les plus concernés par ce transit, à savoir le Maroc et l’Espagne. Chaque année, la commission mixte maroco-espagnole chargée de la mise en place du dispositif Marhaba tient une réunion de concertation pour ficeler les préparatifs de cette opération d’envergure. Cette rencontre a lieu chaque année courant mai; durant celle-ci, les responsables des deux pays se penchent sur les moyens à même de garantir la fluidité du trafic, les actions sociales et services de proximité ainsi que les dispositifs de sécurité. Mais ce qui distingue la période de la traversée du reste de l’année, c’est le renforcement des dessertes maritimes et les effectifs dédiés à cette entreprise. À titre d’exemple, la Fondation Mohammed V pour la solidarité mobilise plus 1.200 agents (médecins et infirmiers, assistants sociaux, etc).

Sur l’autre rive de la Méditerranée, l’Espagne fait appel à 7.000 personnes, entre forces de l’ordre, traducteurs, secouristes, etc. En somme, une machine lourde en matière de gestion des flux, mais bien rodée grâce à cette coordination pointue maroco-espagnole qui permet à 3 millions de personnes de traverser le détroit de Gibraltar dans les meilleures conditions pour regagner le royaume. L’annonce du diplomate marocain en chef a coïncidé avec la prise de parole quotidienne de Fernando Simon, directeur du Centre de coordination des alertes et des urgences sanitaires du ministère de la Santé espagnol, «Mr anti-Covid Espagne». Interpellé par la presse, Simon n’a pas hésité à se prononcer sur cette annonce. «Sage décision» a-t-il rétorqué, soulagé. Cet épidémiologiste de renom est allé jusqu’à dire que le Maroc rend un immense service à l’Espagne en annulant cette grande opération de déplacement tous azimuts de Marocains.

En effet, le Maroc enlève à son voisin une épine du pied. Le gouvernement de Pedro Sanchez attendait sur du charbon ardent la décision des autorités marocaines, espérant que celles-ci finissent par décliner son organisation. Cependant, tous les indices convergeaient vers une annulation de la version classique de cette opération, chose que nous avions anticipée dans une précédente édition. Il était évident que les autorités marocaines n’allaient pas se permettre un important flux massif durant la période estivale où une moyenne de 3 millions de vacanciers marocains rentrent au pays chaque année. D’autant plus que cette année encore, la fête de Aïd el Kébir intervient fin juillet, une échéance redoutée en temps normal, considérée comme l’une des pires périodes pour réaliser la traversée au vu des marées humaines qui se déversent sur les ports durant cette période de pic.

Du côté espagnol, les appels à l’annulation de l’opération se sont multipliés et plusieurs dirigeants locaux ont plaidé pour la suppression de ce dispositif de transit, au vu de l’impossibilité de respecter les recommandations sanitaires en termes de distance, d’hygiène, de port de masque… durant les étapes précédant la traversée. C’est ainsi que le gouvernement régional andalou a sollicité l’intervention de l’Exécutif central afin que l’édition 2020 n’ait pas lieu. Les maires des principales villes et municipalités par lesquelles transite cet important convoi de véhicules ont aussi exprimé leur réticence face à l’organisation de l’opération dans les circonstances actuelles. Enfin, le parti d’extrême droite Vox est allé jusqu’à demander l’interdiction du passage des vacanciers marocains avant de se raviser et de réclamer une intensification des mesures de contrôle durant la phase retour.
Une annonce qualifiée de raciste de par le discours haineux et discriminatoire développé à l’égard des MRE.

Qu’est-ce qui changera cette année ?

Les prochains jours, les autorités marocaines dévoileront les détails des accès par voie maritime. Mais nous pouvons dès à présent affirmer que les autorités marocaines souhaitent que la majeure partie des entrées s’effectue à travers les aéroports nationaux. Comme nous l’avait confié une source diplomatique marocaine en Espagne, cet été sera spécial. Les dessertes ne seront pas renforcées, il faudra s’attendre à une ruée sur les billets de bateaux disponibles. Il y a également le risque que les compagnies maritimes profitent de la hausse en flèche de la demande pour faire grimper les prix. Déjà, la tarification de la traversée au détroit est l’une des plus chères au monde.

Amal Baba Ali. Les inspirations ECO


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