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Reprise de l’activité touristique: des obstacles à la pelle

Au Maroc, la reprise de l’activité d’hébergement touristique est prévue à partir du 25 juin. Cependant, les professionnels du secteur ne voient pas encore le bout du tunnel, les défis et obstacles auxquels ils devront faire face étant énormes.

Coup d’envoi pour la reprise des activités touristiques au Maroc. Le ministère du Tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale a annoncé en fin de semaine la réouverture des établissements d’hébergement touristique (EHT) à partir du 25 juin. Cette décision fait suite au passage à la 2e phase du plan d’allègement du confinement sanitaire. La reprise de cette activité touristique sera limitée, dans un premier temps, en termes de capacité, et conditionnée géographiquement par la zone d’exercice. À cet effet, précise un communiqué de la tutelle, les EHT sont tenus de respecter les dispositions sanitaires permettant de garantir la sécurité sanitaire des clients, du personnel et de tous leurs autres usagers.

Selon le ministère, ces dispositions concernent notamment la désinfection régulière de l’ensemble des départements de l’EHT, la limitation du nombre de clients pouvant accéder à l’EHT en même temps, l’instauration d’un vide sanitaire de 6h entre chaque réservation et la désinfection des bagages au moment du check-in et à la remise des clés par les clients lors du check-out. Les établissements d’hébergement touristique sont également tenus de respecter une capacité maximale de 50% de la capacité d’hébergement habituelle dans toutes les zones communes telles que les restaurants, bains maures, salons de coiffure, salles de sport et boutiques. Un ouf de soulagement pour les professionnels durement impactés par la crise du coronavirus?

À quand l’ouverture des frontières?
«Nous avons le feu vert de la tutelle pour une reprise de nos activités cette semaine en tenant compte de la situation épidémiologique dans le pays», confirme Abdellatif Kabbaj, président de la Confédération nationale du tourisme (CNT), pour qui le plus difficile reste à venir. Alors que le Maroc se dirige vers un déconfinement de grande ampleur à partir du 24 juin, les opérateurs n’ont aucune visibilité sur la réouverture des frontières aériennes du pays, condition sine qua non pour une vraie reprise des activités touristiques du pays, mais le patron de la CNT se veut optimiste. «Nous sommes tenus de respecter la capacité maximale de 50% de la capacité d’hébergement avec uniquement des clients locaux; si nous arrivons à atteindre cette capacité, ce sera un bon début», espère Kabbaj. Pour autant, la fibre patriotique seule suffira-t-elle à la réussite de la phase de décollage du secteur?

Les opérateurs et le gouvernement le savent. Si 70% des Marocains déclarent leur intention de voyager à la fin du confinement, selon une étude réalisée par l’Office national marocain du tourisme (ONMT) sur la perception et le comportement du consommateur marocain pendant et après le confinement, rien ne garantit, pour l’heure, que les citoyens, dont le pouvoir d’achat a été lourdement impacté par l’arrêt quasi-complet des activités économiques dans tout le pays à cause du Covid-19, soient au rendez-vous. De plus, le client a besoin d’être rassuré. Il faudra lui proposer des offres promotionnelles adaptées dans l’ensemble des régions du royaume. Si la ministre n’a pas donné de détails à ce propos, il a été initié une série de mesures en collaboration avec l’ONMT, s’articulant autour de la relance du tourisme interne en se basant sur la mise en place d’une stratégie en direction du marché interne dans l’objectif de mieux rapprocher le produit touristique du citoyen. Cela va nécessiter une enveloppe importante, d’autant plus que les établissements hôteliers se sont engagés à reprendre 50% de leur personnel pour le redémarrage de leurs activités. Autre défi auquel les acteurs concernés devront faire face: la présence du virus. Si le gouvernement est «conscient» de la difficulté de l’étape que traverse le tourisme national, à l’instar de la situation qui prévaut dans le monde, et œuvre «dans la mesure du possible pour éviter tout retour en arrière», l’Exécutif «n’acceptera nullement la prise de mesures aléatoires qui vont nous conduire vers un retour en arrière», a insisté vendredi Saâd Dine El Otmani, lors d’une réunion de travail tenue en présence de la ministre du Tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale, Nadia Fettah Alaoui, des directeurs généraux des établissements publics relevant du ministère, de représentants de la CNT et de plusieurs instances professionnelles du tourisme.

La sécurité sanitaire érigée en priorité
Pour qu’une opération touristique devienne «un gain à plusieurs niveaux pour le Maroc», il faut que toutes les opérations touristiques soient sûres, a encore rappelé le chef de gouvernement, qui soulignait la nécessité de coordonner les efforts afin de surmonter les difficultés que connaît le secteur, maintenir sa grande qualité tout en préservant la santé des citoyens et des touristes dans le respect des règles sanitaires et en concertation avec les autorités publiques compétentes et les professionnels. Toutefois, les autorités, qui appellent les citoyens et les citoyennes à respecter strictement les mesures barrières, ne font pas dans la langue de bois. Un retour aux restrictions sanitaires sera opéré dans toute région qui verra l’apparition de foyers épidémiologiques, dira-t-on, alors que les déplacements entre les zone 1 et zone 2 feront l’objet d’une surveillance rigoureuse. Dans ces conditions, une question se pose: quid du trafic aérien national? Opérés sur Casablanca-Laâyoune, Casablanca-Dakhla, Casablanca-Oujda et Casablanca-Agadir, les vols nationaux vont reprendre graduellement selon le nombre de fréquences et de destinations domestiques. À signaler que les destinations phares de Tanger et de Marrakech, placées en zone 2, ne sont pas concernées pour le moment par cette reprise des vols domestiques. Un énième obstacle à franchir pour une reprise effective des activités touristiques?.


Quelles sont les destinations préférées des Marocains ?

70% des Marocains déclarent leur intention de voyager à la fin de l’état d’urgence sanitaire. Quatre régions ont été particulièrement plébiscitées par les voyageurs d’après un grand sondage réalisé par le média en ligne spécialisé Tourisma Post et la Confédération nationale du tourisme, entre le 15 mai et le 15 juin 2020, afin de connaître les régions qui font le plus rêver les Marocains, celles où ils aimeraient se rendre à la fin du confinement. Il s’agit des régions de Dakhla-Oued Eddahab, Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Marrakech-Safi et Souss-Massa. Ce sondage, qui connaît cette année sa quatrième édition, est ainsi devenu un véritable levier de promotion des régions en matière de tourisme interne.


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