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Pourquoi le textile marocain a été froissé par la Turquie? Les explications de l’AMITH

Ils sont parmi les principaux concernés par les effets pervers de la précédente version de l’Accord de libre échange du Maroc avec la Turquie et, pourtant, le sujet de BIM a davantage fait de bruit que les répercussions négatives de l’ALE sur leur activité. Il s’agit des industriels marocains du textile, faisant partie des opérateurs à avoir tiré la sonnette d’alarme pour le « dumping turc exercé à l’encontre de la production nationale ».

«L’Accord de libre échange avec la Turquie nous a handicapés », commente à LesECO.ma Mohamed Boubouh, président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH). Cet accord, détaille le professionnel qui est président fondateur du groupe Vita couture-Diprints, « a causé de grosses pertes d’emploi. Même à l’export, nous ne sommes plus compétitifs », se désole-t-il.

Et d’ajouter: «  les plateformes de nos clients actuels n’arrivent plus à placer leurs commandes au Maroc ». Les raisons citées par le président de l’AMITH sont d’une part, la valeur de la monnaie turque et, de l’autre, le soutien apporté par l’Etat turc à ses entreprises.

Le professionnel souligne que le gouvernement turc accompagne les entreprises qui s’installent à l’étranger avec une armada de mesures dont, notamment, la prise en charge de 50% des coûts de la masse salariale, des coûts de communication et des frais de loyer. « Les entreprises turques vivent grâce aux subventions », déclare le président de l’AMITH, ajoutant que ces dernières en plus de bénéficier des avantages préférentiels accordés par les ALE, sont subventionnées par l’Union européenne.

« Comment ne pas être compétitif si on a autant d’atout ? », lance Boubouh.  Il cite par ailleurs le cas de l’une des enseignes turques d’habillement installée au Maroc : « Elle fait rentrer tous les mois l’équivalent de huit conteneurs au Maroc. Elle enregistre un EBITDA de moins de 2%. Aucune entreprise ne peut survivre à ce rythme. C’est ce qui corrobore la thèse du poids des subventions dans le modèle économique de ces marques ».

Pourquoi, par ailleurs, la production des marques turques a-t-elle plus de succès que le produit national ? comment se fait-il qu’elle a la réputation d’être de meilleure qualité que celle marocaine?

« Celui qui soutient que la qualité des produits turcs est meilleure se trompe largement », défend Boubouh.  

La production nationale du textile a de quoi être fière, et c’est ce qui lui vaut d’ailleurs la qualité des commandes et des clients qu’elle traite à l’international. Seulement, « le marché national de l’export ne s’est jamais orienté vers le marché intérieur. Voilà pourquoi, la qualité de sa production et de sa finition n’est pas vraiment connue par les consommateurs marocains », explique le président de l’AMITH.

Comment donc faire bénéficier le marché intérieur de cette expertise ? « Nous sommes en discussion avec la tutelle pour formaliser un mécanisme qui encouragerait les opérateurs de l’export à s’implanter sur le marché local », confie Boubouh, en expliquant que le grand frein pour les marques reste celui de la disponibilité des points de vente à des tarifs, ou avec des avantages, leur permettant de rester compétitifs.


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