Maroc

COP23 : C’est parti pour les premières négociations de Bonn !

L’enjeu majeur de cette rencontre, à laquelle participent plusieurs délégations de 200 pays, dont celle du Maroc, conduite par Salaheddine Mezouar, est d’avancer sur le manuel de mise en œuvre de l’Accord de Paris que la Communauté internationale a convenu de formaliser d’ici décembre 2018, lors de la COP22, tenue à Marrakech.

C’est parti pour les premières négociations de Bonn ! En attendant la COP23, qu’organiseront les Îles Fidji en novembre prochain dans la capitale fédérale allemande, plusieurs délégations de 200 pays s’y sont donné rendez-vous à la session annuelle de la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques (CCNUCC), ouverte depuis le 8 mai, pour avancer sur la rédaction du manuel de mise en œuvre de l’Accord de Paris. En effet, malgré la mauvaise nouvelle en provenance des États-Unis où le président, Donald Trump, menace de sortir du cadre multilatéral de l’Accord de Paris, et les incertitudes financières qui pèsent sur les pays en voie de développement, les négociateurs sont déterminés à poursuivre la dynamique enclenchée depuis la COP21, qui s’est poursuivie à la COP22 tenue à Marrakech.

C’est ainsi que lundi dernier, dès l’ouverture des travaux, Salaheddine Mezouar, le président de la COP22, a donné le ton en déclarant que «la mise en œuvre de l’Accord de Paris constitue un défi majeur pour la présidence de la COP22». Dans son allocution, Mezouar a notamment rappelé que la Conférence de Marrakech sur le climat a donné lieu à de nombreuses décisions qui constituent des avancées tangibles dans la lutte contre le changement climatique, notant que les objectifs de la présidence ont été atteints mais il faut maintenant activer la mise en œuvre des recommandations.

À cet effet, le président de la COP22 a souligné que le secrétariat général de la COP a défini plusieurs priorités relatives, notamment, au financement et au renforcement de la capacité des États à mettre en application l’Accord de Paris.

D’ailleurs, un plan d’action a été défini avec la Banque mondiale pour que chaque pays puisse consacrer une partie de son budget à la réalisation de projets de développement durable, a-t-il précisé. Avant d’indiquer que le volet financement interpelle également le secteur privé, les banques et les organismes de financement.

Sur ce volet, la présidence marocaine présentera, à la veille de la COP23, ses conclusions et organisera, en octobre prochain au Maroc, une rencontre pour exposer les nouvelles initiatives liées à la lutte contre le changement climatique. La session de Bonn sur le climat, dont les travaux se poursuivront jusqu’au 18 mai, sera l’occasion d’évaluer les réalisations accomplies depuis la conférence de Marrakech et de présenter les actions de la présidence de la COP, notamment les priorités retenues par la présidence marocaine qui accompagnera les Îles Fidji pour l’organisation de la prochaine COP23. Près de 4.000 participants, dont des négociateurs, des experts en changements climatiques, des membres observateurs, et des représentants de la société civile, représentant 200 pays, y prennent part.

La délégation marocaine, qui comprend également l’ambassadeur pour les négociations multilatérales, Aziz Mekouar et la Championne pour le Climat Hakima El Haite y mènera, durant ces deux semaines, les efforts collectifs pour avancer sur les modalités et les procédures pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris, dorénavant appelées le «Programme de travail», et organisera également une série de consultations autour du «Dialogue facilitateur», prévu pour 2018, visant à renforcer l’action climatique et à améliorer les soumissions des contributions nationales (NDC) d’ici 2020. Les délégués tenteront notamment de se mettre d’accord sur le contenu du «Dialogue facilitateur» conçu comme un bilan intermédiaire des trajectoires des pays, en attendant le bilan mondial prévu en 2023. Certains pays comme la Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre pourraient profiter de cette étape de 2018 pour relever leurs objectifs de lutte contre le réchauffement, et inviter leurs partenaires à réviser eux aussi, leurs ambitions climatiques. Pour le moment, les engagements actuels des pays conduisent à une hausse de 3°C du thermomètre mondial.

Dans le cadre des réunions informelles, les délégués discuteront aussi de l’un des dossiers les plus épineux de la lutte contre le réchauffement climatique. Vous l’aurez deviné, il s’agit du financement où la promesse faite par les pays développés de mobiliser une enveloppe d’au moins 100 milliards de dollars par an, d’ici 2020, en direction des pays en voie de développement n’est pas honorée. S’y ajoute, par ailleurs, la menace brandie par le président, Donald Trump, qui a prévu de baisser drastiquement les contributions financières des États-Unis à plusieurs organes multilatéraux, dont la CNUCC et le Fonds vert pour le climat qui n’a à ce jour reçu que le tiers du montant de 3 milliards de dollars promis par Washington. Ceci étant, il faut, somme toute, se réjouir de l’existence du Fonds d’adaptation, sur lequel des discussions seront également engagés. Cet instrument financier, issu du protocole de Kyoto, a quand même permis, depuis 2010, de financer une cinquantaine de projets à hauteur de 337 millions d’euros. Bien entendu, les pays en voie de développement entendent accéder plus facilement à cette manne. D’ailleurs, comme l’a rappelé Gebru Jember Endalew, le président du groupe des Pays les moins avancés (PMA), «de nombreux PMA ont pris des engagements ambitieux dans le cadre de l’Accord de Paris. Toutefois, ces engagements ne peuvent être mis en œuvre sans un soutien substantiel, y compris un soutien technologique et financier».

En effet, selon certaines estimations, plus de 100 billions de dollars sont nécessaires pour passer à une société mondiale à faible intensité de carbone. Le soutien financier engagé par les pays en développement à ce jour tombe loin de ce chiffre et est donc malheureusement insuffisant. Le peu qui a été nominalement mis à disposition, par le biais de divers fonds et institutions, continue d’être inaccessible pour ces pays que le manque de capacité individuelle et institutionnelle empêche d’accéder facilement à ces soutiens. «En fin de compte, le financement du climat doit commencer à couler réellement vers les pays qui en ont besoin et être considérablement étendu si nous voulons limiter le réchauffement climatique à des niveaux sûrs et éviter les impacts les plus catastrophiques du changement climatique à travers le monde», a indiqué le président du groupe des PMA. 


Les neuf réseaux d’acteurs non-étatiques et leurs priorités

Les neuf réseaux d’acteurs non-étatiques sont tous présents à Bonn pour faire pencher la balance en leur faveur. Les voici avec leurs priorités respectives.

Les peuples autochtones.
Priorité. le soutien à l’agriculture et aux projets d’énergies renouvelables à petite échelle.

Les réseaux d’actions climatiques.
Priorité. l’agriculture et la sécurité alimentaire.

Les gouvernements locaux et autorités municipales.
Priorité. la poursuite de l’engagement des parties non-constituantes.

La jeunesse.
Priorité. être associée à la conception des documents techniques.

Le monde des affaires.
Priorité. aider la société civile à travers l’appui à l’innovation.

Le grand groupe des travailleurs et des syndicats.
Priorité. le remplacement du travail en silo par un travail plus partagé.

Femmes et genre.
Priorité. le respect des droits des femmes dans la parité des participations.

Les agriculteurs.
Priorité. plus de mobilisation pour l’agriculture.

Les universités.
Priorité. la mise en place d’un agenda de la recherche et de fonds.


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